Exposition aux pesticides Risques avérés ou à confirmer
L'Inserm invite à intensifier les travaux sur les substances actives employées, en se penchant particulièrement sur la question des mélanges et des faibles doses.
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L'Inserm invite à intensifier les travaux sur les substances actives employées, en se penchant particulièrement sur la question des mélanges et des faibles doses.
La Direction générale de la santé (DGS) a chargé l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) de réaliser une expertise collective sur les effets des pesticides sur la santé. Les résultats ont été publiés le 13 juin.
Liens établis ou à confirmerCertains liens entre exposition aux produits phytopharmaceutiques et risques sanitaires ont pu être établis, d'autres pressentis sans avoir pu être démontrés du fait d'un facteur de confusion important (par exemple, l'exposition aux ultraviolets de la population agricole est un facteur de risque reconnu pour le mélanome), ou encore d'un nombre d'études réalisées trop faible. « D'après les données de la littérature scientifique internationale publiées au cours des trente dernières années, il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l'adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques », précise l'Inserm. « Le lien entre certains pesticides (notamment le dibromochloropropane), qui ne sont plus utilisés, et des atteintes de la fertilité masculine a été clairement établi, mais de nombreuses incertitudes subsistent en ce qui concerne les pesticides actuellement employés. » L'Inserm ajoute que le lien entre pesticides et infertilité chez la femme mériterait d'être mieux étudié. En revanche, il existe maintenant de nombreuses études épidémiologiques suggérant un lien entre l'exposition prénatale aux pesticides et le développement de l'enfant, à court et moyen terme. Les risques (mort foetale, malformations congénitales, leucémie...) valent pour une future maman exposée professionnellement, ou vivant au voisinage d'une zone agricole ou utilisant des pesticides à domicile.
Effets à long terme et effet cocktailLes mélanges de pesticides et autres substances pourraient donner lieu à des impacts sanitaires difficilement prévisibles actuellement, ce qui fait de la question des mélanges et des faibles doses un des enjeux importants de la recherche et de l'évaluation des dangers. « L'exposition à de multiples substances actives peut entraîner des effets additifs, synergiques, potentialisateurs ou encore antagonistes. De plus, l'exposition à d'autres composés (médicaments, résidus de divers polluants...) est susceptible de modifier le métabolisme et les effets des pesticides, ce qui complique l'interprétation des effets observés en situation réelle d'exposition », souligne le rapport d'expertise. D'autant que la rémanence des pesticides dans l'environnement « varie fortement selon la molécule, de l'ordre de quelques heures ou jours à plusieurs années ». Les experts rappellent que « ne pas être en mesure de conclure ne veut pas dire obligatoirement qu'il n'y a pas de risque ».Les substances mises en cause sont celles qui ont été plus souvent étudiées que d'autres (en particulier aux États-Unis) : « De nombreuses substances actives n'ont pas fait l'objet d'études épidémiologiques ». Des recherches pluri- et transdisciplinaires doivent être soutenues pour permettre une caractérisation plus rapide des dangers potentiels des substances actives de pesticides.
Pour accéder au rapport :www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/expertises-collectives
V.V.
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